Le paysage politique haïtien à février 2001
Persistance de la crise politique
Défis à affronter par Fanmi Lavalas
Solutions envisagées par Aristide
Analyse de la conjoncture politique haïtienne, avril 2002
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EVALUATION DES CHANCES D’ARISTIDE DE GAGNER SON PARI

Pour avoir des chances de gagner le pari de changer les choses comme il l’envisage dans son programme de gouvernement, le président Jean Bertrand Aristide devra nolens, volens, être en mesure de résoudre d’entrée de jeu les deux problèmes suivants : trouver le financement du programme et juguler l’insécurité.

En ce qui concerne les sources de financement, elles sont au nombre de trois, chacune ayant ses propres exigences : la communauté internationale, les milieux d’affaires haïtiens, et les investisseurs de la diaspora.
S’agissant de la communauté internationale, suite à la crise résultant des élections controversées du 21 mai 2000, elle a bloqué toute aide à Haïti, exige, pour la restaurer, que les deux protagonistes de cette crise – le pouvoir Fanmi Lavalas et l’opposition représentée par la Convergence Démocratique - se mettent d’accord sur une solution.

Au premier plan : Jean-Marie Chérestal, Premier mimistre
Une autre condition posée par ces bailleurs de fonds est la participation de l’opposition dans le prochain gouvernement de Fanmi Lavalas .Or jusqu’à présent, en dépit des nombreuses réunions, tractations et médiations, on assiste à un véritable dialogue de sourds. Les acteurs de cette tragi-comédie restant sur leurs positions respectives, se regardant en chien de faïence.

Le président Aristide s’en tient aux engagements pris dans sa lettre à l’ex-président Bill Clinton qu’il entend honorer, tandis que pour l’opposition, il faut retourner à la case départ, c’est à dire, annuler toutes les élections, aussi bien celles du 21 mai que le scrutin du 26 novembre 2000.
Entre-temps, dans les deux camps on ne reste pas inactif. On fourbit ses armes et se tient prêt à en découdre. Du coté du pouvoir, on choisit la fuite en avant et nomme un Premier Ministre, Monsieur Jean-Marie Chérestal. Celui-ci est nuitamment ratifié à la cloche de bois par le parlement composé uniquement des tenants de Fanmi Lavalas.

L’opposition non plus n’est pas en reste. La Convergence Démocratique qui la représente, procède à l’investiture de son propre Président en la personne de Me Gérard Gourgues, lequel se fait assister d’une équipe de brillants juristes en attendant la nomination de son Cabinet Ministériel.
Donc, depuis le 7 février 2001, notre singulière République d’Haïti est dirigée par deux présidents.

Il va de soi que dans un tel contexte, il est difficile de voir se profiler à l’horizon la sortie de crise que nous appelons tous de nos vœux, non plus le déblocage de l’aide internationale dont le Président Jean Bertrand Aristide a besoin pour le financement de son programme. A ce propos, nous tenons à rappeler que même le budget de fonctionnement de la République est dans une forte proportion financée par des fonds émanant de l’aide internationale.

Pour ce qui a trait aux deux autres sources potentielles de financement - les hommes d’affaires du pays et ceux de la diaspora, les partenaires mentionnés dans plusieurs passages du discours d’investiture du président Aristide -, il est claire que leurs promesses ne pourront se matérialiser que dans la mesure ou l’insécurité, cette violence omniprésente qui paralyse le pays en général et le secteur des affaires en particulier trouve une solution, à tout le moins, un début de solution.
Il faut admettre que pour l’instant on n’en est pas encore là. Sans compter le problème énergétique qui constitue un véritable casse tête pour toutes les entreprises haïtiennes et l’une des causes principales de l’exode de beaucoup d’hommes d’affaire du pays vers la République Dominicaine, Miami ou d’autres îles de la Caraïbe.

D’après les dernières nouvelles en provenance de Port-au-prince, le nouveau Premier Ministre Jean-Marie Chérestal vient de publier la liste des membres de son cabinet ministériel. Comme on pouvait s’y attendre, l’opposition regroupée au sein de la Convergence Démocratique ne participe pas au gouvernement. Donc, il est désormais acquis, que durant les cinq prochaines années, le pays sera dirigé par un parti unique, on pourrait même dire par un seul homme, monopolisant tous les pouvoirs de l’état: exécutif, législatif et judiciaire. Ainsi, la boucle est bouclée et chacun reprend ses billes.

CELA ETANT, il nous reste à nous poser une question : De quoi demain sera -t-il fait ?
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