Le paysage politique haïtien à février 2001
Persistance de la crise politique
Défis à affronter par Fanmi Lavalas
Evaluation des chances d’Aristide de réussir son pari
Analyse de la conjoncture politique haïtienne, avril 2002
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COMMENT LE PRESIDENT ARISTIDE COMPTE-T-IL S'Y PRENDRE POUR RELEVER CES DEFIS ?

Jean-Bertrand Aristide au cours de sa campagne électorale
Pour répondre à cette question, il suffit d’observer le comportement du leader du parti Fanmi Lavalas depuis son élection à la présidence d’Haïti le 26 novembre dernier :

Pour la crise politique, cet homme que beaucoup considèrent comme un baroudeur chevronné, un politicien retors, un interlocuteur intraitable et un adversaire vindicatif, change soudainement son fusil d’épaule et lâche du lest.
Il fait des ouvertures tous azimuts, des offres mirobolantes de compromis, particulièrement aux USA par Bill Clinton interposé, ouvre les bras à ses compétiteurs d’hier, fait la sourde oreille aux attaques de ses détracteurs. Serait-ce une métamorphose du Prince de Tabarre ? Rien n’est moins sûr. Il n’empêche qu’il aura fort à faire pour engager l’opposition dans la voie de la réconciliation, pour forger, ne serait-ce qu’une apparence de consensus national, condition posée par la communauté internationale pour débloquer les fonds dont il a désespérément besoin pour le financement de son programme de gouvernement.

Certes, pour l’instant sa démarche n’a pas été couronnée de succès. La raison :
les négociations visant à résoudre la crise née des élections contestées du 21 mai 2000, pour avoir un sens de présenter un quelconque intérêt pour l’opposition, auraient dû, en bonne logique, avoir lieu avant le second tour des législatives et l’élection présidentielle. Or, c’est tout le contraire qui a été fait. Nous pensons malgré tout, qu’il est encore trop tôt pour conclure à son échec définitif dans ce palier.

D’autant que, compte tenu des multiples précédents constatés dans le microcosme politique haïtien, il est à prévoir que certains transfuges professionnels, dans leur hâte de s’installer à «la curée », réalisant que le meilleur raccourci pour s’y rendre passe par « CANOSSA », n’hésiteront pas à l’emprunter, apportant ainsi à l’homme de Tabarre, le ballon d’oxygène ou la bouée de sauvetage dont il pourrait avoir besoin.

Concernant la situation socio-économique, les éléments d’appréciation sont fournis par le discours d’investiture du président Aristide dans lequel il esquisse les grandes lignes du programme de son gouvernement. D’après ce programme, l’action du gouvernement durant le prochain quinquennat « s’articulera autour des cinq axes suivants :
  1. Infrastructure.
  2. Production nationale.
  3. Education.
  4. Santé.
  5. Justice et sécurité pour tous.
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INFRASTRUCTURE

Route défoncée par l'innondation
Réseau routier : amélioration et réhabilitation de plus de 3000 km de routes secondaires et tertiaires et 2000 km de routes primaires.

Transport aérien : réaménagement de cinq aéroports nationaux ; réhabilitation des aéroports internationaux de Port-au-prince et du Cap haïtien ; reprise des activités de la ligne nationale de transport aérien.
Transport maritime et terrestre : se référant à l’expérience de la compagnie haïtienne d’autobus « Service Plus », le Président Aristide « souhaite déjà la bienvenue à ses futurs partenaires.

Télécommunications : le gouvernement attend ses futurs partenaires.

Energie électrique : Le plan quinquennal prévoit la fourniture de 348 MW additionnels d’énergie électrique et la réduction des pertes en dessous de 20%. Mais là aussi, le président attend ses futurs partenaires.

Accès à l’eau potable : Augmentation du taux d’accès de la population à l’eau potable. En milieu rural, de 16% à 70% ; en milieu urbain, de 44% à 80%.
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PRODUCTION NATIONALE

Objectifs du plan : augmentation du niveau d’autosuffisance alimentaire de 30% ; création de 500.000 emplois dans les secteurs public et privé ; réduction du taux de chômage de 60 à 45% ; croissance du PIB de plus 4% par an, contre 2% actuellement ; réduction du taux de l’inflation de 15.30% à moins de 10 %.

Agriculture et hydraulique : compte tenu de la main d’œuvre agricole 60% de la population, de la croissance démographique de 2% l’an, du nombre des paysans sans terre 40%, le plan vise à transformer les conditions archaïques dans lesquelles se développe l’agriculture, anticipant que la réforme agraire en cours va contribuer à l’amélioration des conditions de travail des paysans.
Reste le problème de l’eau. Il estime qu’Haïti reçoit 40 milliards de m3 d’eau chaque année. De ce volume, à peine 10% s’infiltre dans le sol, le reste s’évaporant ou s’en allant à la mer. Il conclut par conséquent, qu’une gestion rationnelle de cette richesse naturelle nous permettra de passer de l’insuffisance à la suffisance en matière d’eau.

La pêche : Pour l’instant, 30,000 pêcheurs opèrent en mer et 850 dans les eaux continentales. L’ensemble du secteur génère plus de 100.000 emplois directs et indirects. La production nationale s’élève à 30.000 tonnes/an. Par contre, nous importons quelques 16.000 tonnes de poissons par an nécessitant une fuite de devises de l’ordre de US$ 13.000.000.
Solution proposée : doter le pays d’une politique en matière de pêche et inscrire ce secteur dans notre stratégie de développement industriel.

L’industrie : Faciliter la mise à niveau de l’industrie nationale en accordant la priorité aux entreprises qui emploient largement de la main d’œuvre locale ; créer 14 zones franches ayant la capacité de générer 140.000 emplois ; dynamiser l’artisanat pour permettre à ce secteur de générer 10.000 emplois.

Tourisme : Le plan envisage de relancer le tourisme et se fixe pour objectif, l’ajout de 4000 chambres additionnelles à celles existant actuellement. Les types de touristes ciblés sont : le tourisme de plages ; le tourisme écologique ; le tourisme culturel. Là aussi, le gouvernement attend les futurs partenaires.

Autres initiatives prévues dans le plan : L’établissement d’une cinquantaine de contrats de partenariat entre les secteurs public et privé ; la formation de groupes économiques dans le dixième département qui pourraient renforcer les investissements d ‘au moins de 50%.
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EDUCATION

Etat des lieux : Près de 67% des élèves des deux premiers cycles du fondamental fréquentent un établissement privé ; dans le secondaire, 75 % des établissements sont privés. L’éducation a un coût trop élevé pour les familles aux ressources limitées.

Objectifs du plan :
  • atteindre en 2004 un taux net de scolarisation de 90% en construisant une école fondamentale dans chacune des 565 sections communales et des centres de formation professionnelle pour les jeunes gens des deux sexes.
  • élaborer de nouveaux curricula pour l’école fondamentale et l’école secondaire et entreprendre la formation systématique des enseignants.
  • élaborer une nouvelle loi sur le fonctionnement des écoles privées, primaires et secondaires, obligées de garantir l’excellence.
  • garantir l’autonomie de l’université et les ressources indispensables à développement.
  • assurer qu’en 2004,toutes les sections communales possèdent une école et un centre d’alphabétisation.
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SANTE

Etat des lieux : Quarante cinq pour cent seulement de la population ont accès aux services de santé.

Objectifs du plan :
  • anmener le taux d’accès de la population aux services de santé de 45% à 80% à l'horizon 2004.
  • garantir l’efficacité et l’efficience dans la prestation des soins.
  • assurer la globalité et l’intégration des soins, la pérennité des interventions en santé, la disponibilité des médicaments essentiels et l’accès de la majorité de la population à ces derniers.
  • doter en 2004 toutes les sections communales d’un centre de santé.
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JUSTICE, SECURITE, CORRUPTION

Justice : Pour combattre l’impunité et permettre à tous l'accès à la justice, nous voulons que celle-ci soit démocratisée, ouverte aux plus démunis ; nous voulons créer un tribunal fonctionnel dans chaque commune, moderniser notre système judiciaire, créer des établissements pénitentiaires régionaux, nous atteler à la professionnalisation de la police nationale.

Sécurité : Une politique visant à la réduction de la pauvreté. Cela nous renvoie au filet de la sécurité sociale, aux fonds sociaux d’urgence, pour ainsi réaménager les dépenses publiques même en période d’austérité budgétaire.

Corruption : La lutte contre la pauvreté exige qu’on extirpe toute forme de corruption dans les pouvoirs publics par l’application de mesures administratives et pénales, tout en définissant et en mettant en œuvre certaines dispositions incitatives en encourageant ceux qui se conforment à la loi. »
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Persistance de la crise politique
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