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L'ex-président, aujourd'hui émissaire de l'ONU pour Haïti, est revenu vendredi à Port-au-Prince où il a pressé les autorités locales et le gouvernement des Etats-Unis de trouver une solution au cas des dix Américains accusés de vol d'enfant.
Bill Clinton plaide la cause des dix baptistes d'Haïti

6 février 2010           
                                 

Bill Clinton, émissaire de l'ONU pour Haïti, est revenu vendredi à Port-au-Prince en pleine agitation populaire face à la lenteur des secours, plus de trois semaines après le séisme qui a dévasté le pays. Signe du mécontentement des sinistrés haïtiens, l'ancien président américain a été accueilli par 200 manifestants réclamant des tentes pour se loger.

C'est la deuxième visite à Port-au-Prince de Bill Clinton depuis la secousse qui a fait au moins 212.000 morts. Et elle n'est pas consacrée aux seuls sinistrés. L'émissaire de l'ONU a ainsi pressé le gouvernement de son pays et celui d'Haïti de résoudre au plus vite l'affaire des dix Américains accusés de vol d'enfant par les autorités de Port-au-Prince. Appartenant à une église baptiste de l'Idaho, ils ont été arrêtés il y a une semaine et inculpés jeudi d'enlèvement d'enfants et d'association de malfaiteurs. Selon les autorités locales, ils ont tenté de faire sortir du pays 33 enfants afin de les emmener en République dominicaine, mais ne disposaient d'aucun papier officiel pour cela. De plus, il semble que les enfants, présentés comme des orphelins, aient encore dans plusieurs cas leurs parents. Les accusés assurent n'avoir voulu que leur venir en aide.

Une affaire délicate

L'affaire est délicate au plan diplomatique. Des ONG se plaignent en outre qu'elle a détourné l'attention des médias et du public mondiaux de la crise humanitaire éprouvée par Haïti. "Le gouvernement haïtien ne cherche pas un affrontement à ce sujet. Ils veulent simplement protéger leurs enfants et s'assurer qu'ils ont toutes les données pour être sûrs de ne pas envoyer à l'adoption un enfant qui aurait encore quelque part une tante ou un oncle qui pourrait s'en occuper", a déclaré Clinton. "Je pense qu'ils trouveront un moyen de désamorcer cette crise", a-t-il ajouté, avant de préciser que ce dossier n'était pas sous sa responsabilité.

Les dix Américains, cinq hommes et cinq femmes, ont été interrogés séparément vendredi par le juge d'instruction Bernard Sainvil. L'enquête doit continuer lundi et mardi, puis une décision sera prise sur l'éventuelle libération des accusés. Leur avocat, Edwin Coq, a demandé leur libération conditionnelle, mais aucune décision n'a encore été prise à ce sujet.

Le gouvernement américain a fait savoir qu'il fournissait une assistance consulaire aux accusés et qu'il suivait l'affaire, tout en soulignant ne pas vouloir intervenir. "De toute évidence, c'est l'affaire du système judiciaire haïtien", a sobrement commenté depuis Washington l'épouse de Bill Clinton, l'actuelle secrétaire d'Etat Hillary Clinton.