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PORT-AU-PRINCE, 4 juin 2008 (AFP) - Un concert d'avertisseurs à midi dans les rues de Port-au-Prince a clôturé mercredi une marche silencieuse contre les enlèvements à des fins crapuleuses, organisée par près d'une centaine d'organisations en Haïti.
Au même moment devant le Palais de justice, non loin du Palais présidentiel haïtien, les organisateurs de la marche anti-kidnapping remettent une lettre aux responsables de la justice dans laquelle ils dénoncent "le laxisme des autorités" face à la montée de cette forme de criminalité en Haïti.
En arrière-plan, des groupes de manifestants crient des slogans contre "des juges corrompus qui relâchent les auteurs d'enlèvement appréhendés par la police".
"Trop c'est trop. Y en a marre", pouvait-on lire sur des pancartes brandies au-dessus des têtes. Les manifestants s'en prennent aux juges et les accusent de vendre la justice et de relâcher les criminels.
Vêtus de noir ou de blanc, portant des tee-shirts sur lesquels étaient inscrits des slogans contre les rapts, plusieurs milliers de personnes ont marché sans incident sous protection de la police haïtienne pour protester contre les enlèvements qui se sont multipliés ces dernières semaines en Haïti.
Dans la foule, des jeunes, des personnes âgées, des anciens candidats à la présidence et des parlementaires ont dénoncé l'absence de l'Etat et des forces publiques pour contrer la montée de l'insécurité caractérisée par les enlèvements.
"Nous sommes fatigués, nous sommes fatigués", lance la foule.
"Nous sommes là pour dire Assez, c'est trop. Nous ne pouvons pas être l'otage de quelques criminels", déclare à l'AFP l'historien Michel Hector qui a suivi tout le parcours de la manifestation.
Victime de cette forme d'insécurité, il a perdu son fils en 1998. Michel Hector appelle la force publique à se ressaisir et le président René Préval à assurer la sécurité des vies et des biens, l'une des premières fonctions de l'Etat", rappelle-t-il.
Suzy Castor, une autre historienne marche pour les enfants d'Haïti. "Ils sont les premières victimes. Je suis indignée de voir comment les gens s'attaquent aux enfants, l'avenir du pays", déclare-t-elle.
Ces dernières semaines des inconnus ont enlevé plusieurs jeunes écoliers. L'un d'entre eux a été sauvagement tué par ses ravisseurs qui ont ensuite jeté son corps dans la rue.
Le comité d'organisation de la manifestation, qui réunissait des associations patronales comme la Chambre de commerce d'Haïti ou le Groupe de citoyens concernés, s'est réjoui du succès de la marche.
Arnold Antonin, un cinéaste, et le président de la chambre de commerce, ont remis une lettre ouverte au ministère de la Justice et au responsable de la police de Port-au-Prince.
Ils demandent que la Justice soit plus active pour punir ceux qui sont responsables des enlèvements.
"Notre pays doit sortir du cycle du mal radical, du mal banal. Nous exigeons des actions énergiques contre le kidnapping, le crime et le grand banditisme", écrivent les signataires.
L'ancien candidat à la présidence Charles Henry Baker a appelé le président Préval et les autres autorités à sévir contre les auteurs d'enlèvements.
"Deux ans après l'élection présidentielle, le pays n'a pas encore pris la voie de la démocratie, plus de 500 criminels ont été libérés au cours de cette période", dénonce l'ex-candidat qui marchait au côté d'anciens parlementaires.
Un fonctionnaire au bureau du Premier ministre a expliqué sa présence dans la manifestation comme un acte citoyen. "Nous somme tous concernés. Mon enfant a peur de vire dans le pays à cause des enlèvements".
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