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Les gangs armés sont encore nombreux aux Gonaïves, où, il y a un an, le plus connu d'entre eux, l'"Armée cannibale", avait donné le signal de la révolte en se retournant contre l'ancien président, Jean-Bertrand Aristide.
En Haïti, la distribution de l'aide aux sinistrés donne lieu à des scènes de pillage

27 septembre 2004      

"140 soldats uruguayens, qui étaient stationnés aux Cayes -sud d'Haïti- sont venus renforcer les 500 militaires argentins qui étaient aux Gonaïves avec un peu plus d'une trentaine de Brésiliens et à peu près autant de policiers internationaux", confirme Toussaint Kongo-Doudou, le porte-parole de la Mission des Nations unies en Haïti (Minustah). "Les gens ont faim, ils ont soif. Beaucoup n'ont pas mangé depuis plusieurs jours. La plupart des camions qui ont été pillés ont été affrétés par des ONG ou des groupes qui n'avaient pas demandé la protection de la Minustah", ajoute-t-il.

Les gangs armés sont encore nombreux aux Gonaïves, où, il y a un an, le plus connu d'entre eux, l'"Armée cannibale", avait donné le signal de la révolte en se retournant contre l'ancien président, Jean-Bertrand Aristide. "L'un de ces gangs a tenté de s'emparer d'un convoi, mais les soldats argentins ont vite repris le contrôle de la situation", raconte M. Kongo-Doudou. A plusieurs reprises, les casques bleus ont dû tirer en l'air ou utiliser des gaz lacrymogènes pour disperser des foules qui tentaient d'arracher de l'eau ou de la nourriture.

A mesure que l'eau se retire des Gonaïves, la troisième ville d'Haïti, le bilan continue de s'alourdir. Selon le dernier décompte des autorités, les inondations provoquées par Jeanne ont fait 1 330 morts, dont les cadavres ont été retrouvés et pour la plupart enterrés dans des fosses communes, et 1 056 disparus. "Il y a 2 601 blessés et 298 926 sinistrés", précise le porte-parole de la Minustah.

Des milliers d'habitants des Gonaïves s'entassent dans des églises et des écoles. A la cathédrale, 500 personnes, en majorité des familles nombreuses, se sont réfugiées à la tribune de ce bâtiment moderne. Le rez-de-chaussée est recouvert de 10 centimètres d'une boue à l'odeur pestilentielle. Les bancs ont été rapprochés pour y poser quelques matelas. "Le pain, c'est tout ce que nous avons depuis une semaine", se plaint une grand-mère.

D'importantes quantités d'aide humanitaire continuent d'affluer à Port-au-Prince. Face à l'ampleur de la catastrophe, de nombreux pays ont répondu à l'appel du secrétaire général des Nations unies. Mais le transport des secours depuis la capitale jusqu'aux zones dévastées reste difficile. En mauvais état avant la tempête, la route reliant Port-au-Prince aux Gonaïves est en partie inondée. "160 tonnes de nourriture envoyées par le Programme alimentaire mondial ont déjà été acheminées. C'est l'ONG Care qui est chargée de la distribution", calcule Eric Mouillefarine, le responsable de la coordination de l'aide internationale. Ces aliments, riz, haricots et huile, couvrent les besoins de 16 000 familles, soit environ 80 000 personnes, durant une semaine.

"La rapide détérioration des conditions sanitaires pourrait provoquer des épidémies de malaria, de typhoïde et de tétanos", affirme le bureau de coordination des Nations unies. "C'est en matière d'assainissement, d'hygiène et d'eau potable que nous avons le plus de besoins urgents qui ne sont pas couverts", explique Eric Mouillefarine. "Nous manquons aussi de personnel sur le terrain. Actuellement, nous ne comptons que sur une petite soixantaine d'acteurs humanitaires dans la zone", ajoute-t-il.

Il y a encore des cadavres et des charognes en décomposition, et le système d'égouts, très précaire avant la tempête, a été détruit. Une couche de boue à l'odeur nauséabonde recouvre une grande partie de la ville, d'environ 200 000 habitants. "Nous mettons au point avec les autorités haïtiennes un plan d'évacuation temporaire des quartiers les plus affectés, comme Raboteau -un bidonville en bord de mer-, afin de pouvoir les nettoyer et les désinfecter", souligne Toussaint Kongo-Doudou.

Les premiers soins ont été assurés par les casques bleus argentins, qui ont improvisé une clinique. Soixante-quatre médecins cubains, dont certains parlent créole, sont arrivés aux Gonaïves, où ils interviennent dans les refuges improvisés à la cathédrale et à l'église adventiste.

Médecins du monde et Médecins sans frontières ont ouvert des centres de soins et le gouvernement haïtien a annoncé l'envoi de 200 médecins de Port-au-Prince. L'hôpital de La Providence, le principal établissement hospitalier des Gonaïves, qui a été totalement inondé, doit être remis en état grâce à un financement de l'agence de coopération américaine USaid. En attendant, le Croix-Rouge norvégienne a promis un hôpital de campagne de 120 lits, qui doit être installé cette semaine.