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Le président haïtien Jean Bertrand Aristide a réaffirmé samedi sa détermination à rester à son poste et à lancé un appel au calme au lendemain de scènes de violences et pillages dans Port-au-Prince.
"Pas question de partir", a lancé le président lors d'une intervention à la télévision d'Etat tôt samedi matin après une nuit émaillée de tirs sporadiques.
"Moi-même, en tant que fonctionnaire, et les membres du gouvernement, nous serons à notre poste lundi", a ajouté M. Aristide, de plus en plus isolé au plan international et qui a perdu le contrôle de la moitié d'Haïti.
Le sort de Port-au-Prince, que les rebelles ont promis d'attaquer d'un jour à l'autre, est incertain. Un calme précaire y régnait samedi matin et les barricades érigées par les militants ont été abandonnées, l'appel du président Aristide à ses partisans de ne pas agir illégalement semblant avoir été entendu.
"Je lance un appel aux jeunes pour qu'ils informent la police mais qu'ils ne la remplacent pas", a dit le chef de l'Etat, âgé de 50 ans. "Il est bon de monter des barricades mais pas pendant la journée car il faut laisser se dérouler les activités" administratives et commerciales, a-t-il ajouté.
Des "appels solennels" au président Aristide ont été lancés vendredi soir par les Etats-Unis pour qu'il fasse cesser les violences commises par ses partisans, et aux insurgés pour qu'ils "arrêtent leur avance" sur Port-au-Prince.
De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a demandé à tous les Haïtiens "d'éviter la violence et de résoudre leurs différends par des moyens pacifiques".
Aux premières heures de samedi, les Haïtiens sont réapparus dans le centre ville jonché de détritus et quelques rares automobilistes circulaient dans les rues.
Plusieurs tirs sporadiques ont été entendus pendant la nuit de vendredi à samedi et la station de radio indépendante, Radio Vision 2000, a été contrainte de suspendre ses émissions, ses studios ayant été visés à deux reprises par des tirs. C'est sur cette radio que le chef des insurgés, Guy Philippe, avait appelé vendredi les "chimères", les partisans armés du pouvoir issus des bidonvilles, à déposer les armes.
Vendredi, la ville avait été le théâtre de scènes d'anarchie, de pillages et de violences, notamment de la part des "chimères".
Huit corps au moins ont été vus abandonnés dans différents endroits de la ville, dont l'un devant le principal hôpital. Le corps d'un homme baignait, face contre terre, dans une mare de sang, tué d'une balle dans la tête. Ses mains étaient attachées dans le dos, selon des journalistes de l'AFP.
Selon le personnel de l'Hôpital adventiste de Carrefour, un quartier périphérique de la capitale, des partisans de M. Aristide avaient envahi l'établissement par trois fois dans la nuit pour que des soins soient prodigués à l'un des leurs et pour y dérober argent et médicaments.
A l'aéroport, plusieurs dizaines de personnes attendaient samedi matin de pouvoir quitter l'île alors que les grandes compagnies comme American Airlines, Air Canada et Air France ont suspendu leurs liaisons.
La compagnie néerlandaise Dutch Caribbean Airlines, l'une des dernières encore en service, a, à son tour, annoncé samedi l'annulation jusqu'à nouvel ordre de ses vols depuis Haïti.
Par ailleurs, un Transall de l'armée française et deux appareils C-130 de l'US Air Force ont atterri dans la matinée à Port-au-Prince.
Selon le ministère français de la Défense, le Transall transportait une dizaine de gendarmes venus pour renforcer la sécurité de l'ambassade de France et la résidence de l'ambassadeur.
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